Après une année 2021 qui a vu la parution de trois de ses livres (un roman, un recueil de nouvelles et un essai) Julien Richard-Thomson annonce plusieurs projets liés à la BD…
Tu rappelles souvent que la BD a été ta première passion…
Enfant, j’ai toujours dessiné sous forme de bandes dessinées, je dessinais des petits personnages, des bulles dans lesquelles je gribouillais du « texte » quand je ne savais pas encore écrire… J’étais un fidèle lecteur de Pif Gadget, puis j’ai été fan de la BD belge : Tintin, Spirou, Gaston, sans oublier Achille Talon… Plus tard j’ai découvert Pétillon (je suis devenu un fan du détective Jack Palmer), Mandryka, Gotlib, puis Tronchet, Goossens et de nombreux autres qu’il serait trop long de citer. J’ai continué à dessiner de la BD que je publiais dans les journaux de collège et de lycée, en parallèle du tournage de mes courts-métrages en Super 8. Puis j’ai estimé que je n’avais pas le niveau suffisant pour réellement devenir dessinateur et j’ai préféré me consacrer sur le métier de cinéaste.
Tu cites principalement des auteurs de BD « comique », tu n’aimes pas la BD plus sombre ou carrément « adulte » ?
J’ai une préférence pour la BD d’humour, elle peut être trash mais je ne suis pas fan de la BD trop réaliste ou trop dramatique. J’aime l’humour noir et désespéré de Tronchet. J’ai découvert tardivement la BD américaine avec des auteurs comme Crumb. Je suis fan des Freaks Brothers de Gilbert Shelton, c ‘était toute une époque… Je vais citer un auteur sombre, pour faire exception : Charles Burns, qui est un peu à mes yeux le David Lynch de la BD. J’aime son univers malade… pas très gai mais génial ! Bien sûr, j’ai aimé certaines séries de SF ou d’anticipation (de Moébius, Bilal…) Mais oui, je suis plutôt un amateur de BD franco-belge, y compris des séries jeunesse type Natacha l’hôtesse de l’air. Ma vie professionnelle m’a plusieurs fois fait approcher le monde de la bande dessinée sans vraiment y participer. J’ai travaillé plusieurs années avec le journal l’Echo des Savanes, je signais des articles et des reportages. J’y ai fait la rencontre de Hervé Désinge, l’éditeur de Reiser, Wolinski ou Pétillon, qui est devenu ensuite mon éditeur.
Tu mentionnais Natacha l’hôtesse de l’air, tu avais le projet d’adapter cette série en film c’est bien cela ?
Oui, j’avais trouvé un financement pour acquérir les droits dans un premier temps, je suis allé voir les éditions Dupuis mais les droits n’étaient pas disponibles. J’ai dû renoncer, mais les équipes de chez Dupuis m’ont suggéré d’adapter la série Pierre Tombal, car cela pouvait correspondre à ma forme d’humour et cela cadrait bien avec mon amour du cinéma fantastique. J’ai commencé à travailler sur le scénario, qui se baisait vaguement sur l’album L’amour est dans le cimetière, qui a enthousiasmé les auteurs de la série, surtout Raoul Cauvin – qui est décédé récemment. Seulement je n’ai pas trouvé de producteur pour monter le film et j’ai perdu les droits. Adapter une BD est une entreprise qui peut s’avérer périlleuse, mais cela me tente énormément ! Par ailleurs, j’ai travaillé sur un projet de film en Réalité Virtuelle avec mon ami le dessinateur Jean-Claude Claeys, célèbre pour ses dessins de faits divers et ses superbes couvertures de polar (il a aussi joué dans mes films). Mais là encore, nous n’avons pas trouvé assez de moyens financiers pour concrétiser le projet. J’aimerais beaucoup qu’on parvienne à collaborer sur un projet, son univers est très inspirant pour moi.
Tu t’es donc tourné vers l’écriture de scénarios pour la BD…
J’avais déjà rédigé quelques mini scénarios pour des publicités ou des petites choses comme ça (avec le dessinateur Gérard Matthieu), mais aujourd’hui je planche sur deux projets. Le premier est une série au concept original, sur lequel je préfère rester discret pour le moment car je n’ai pas encore le feu vert de l’éditeur. Ce sont des gags en une ou deux pages. Le second projet est une histoire complète de 46 pages, j’ai trouvé le dessinateur mais là encore, il reste à contracter avec un éditeur, plusieurs sont intéressés. L’histoire aborde le thème d’une campagne électorale mais on rejoint vite le polar et l’humour absurde, c’est un peu du Pétillon époque Jack Palmer… L’histoire est inspirée d’un projet de série que j’avais développé, Le Dircom. Une équipe de publicitaire doit faire élire un maire, qui est un mélange entre Pablo Escobar et Al Capone, le défi est donc sérieux ! Je suis aussi en train de rédiger un roman graphique pour une nouvelle maison d’édition (Rue de Seine) qui sera un acte de résistance contre la montée du populisme d’extrême droite et la candidature présidentielle d’un polémiste très médiatique.
Quelles sont les prochaines parutions planifiées pour les prochains mois ?
J’ai levé un peu le pied sur l’écriture de livres, puisque je dois m’occuper des scenarios de BD et aussi, ne n’oublions pas, de ma série TV (Paris Maléfique) et d’un documentaire dont je dois commencer le tournage en fin d’année. Sans oublier un programme court produit dans le cadre du SPCH que je préside. Pour 2022, j’ai un livre prévu, un essai que je dois cosigner avec d’autres auteurs (aux éditions Point d’orgue). Et puis j’ai des nouvelles inédites que j’aimerais publier mais aucune date n’est fixée. La priorité, ce sera la BD et ma série fantastique.
(commander les derniers livres de Julien : www.jaguarundi.fr/boutique ou sites de vpc)
`