Une mobilisation inédite pour l’inclusion

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441491851_18257455759246462_2939935145731263463_nAlors que le triomphe du film d’Artus « Un ptit truc en plus » remettait le handicap au premier plan, Julien Richard-Thomson profitait du festival de Cannes pour mobiliser des personnalités du cinéma et de la télévision – en situations de handicap ou non – et des associations s’engageant pour une réforme du statut des intermittents du spectacle, en direction des artistes handicapés. Une sensibilisation que le cinéaste, lui-même handicapé,  mène inlassablement depuis plusieurs années…

Une mobilisation sans précédent, saluée par les associations, et mise en avant par la presse généraliste et spécialisée : le mot « inclusion » était sur toutes les lèvres durant le festival de Cannes 2024 ! Le SPCH, syndicat présidé par Julien Richard-Thomson, avait en effet choisi cette occasion pour publier une tribune dans le quotidien Libération proposant une réforme du régime des intermittents et diverses adaptations afin de laisser toute leur place aux talents handicapés… Une mobilisation marquée par un temps fort au festival, plage Gray d’Albion le 24 mai,  avec une table-ronde réunissant la ministre Fadila Khattabi,  des personnalités du cinéma (au premier rang desquelles Samuel Le Bihan, engagé pour cette cause de longue date), des experts, sous le patronage du CNC et de la fondation de Jacques Attali (présent lui aussi pour débattre) Positive Planet.

Dans cette tribune, le cinéaste exprime des propositions pour mieux ouvrir les métiers du cinéma et de l’audiovisuel aux comédiens, artistes et techniciens atteints de handicaps. tribune LIBE les premiers noms« Pour une personne dont le quotidien est parsemé de contraintes et d’obstacles, ces métiers artistiques, par essence élitistes, semblent hors de portée. Nombreuses sont celles à avoir tenté d’intégrer ces formations, ces carrières, mais contraintes d’abandonner faute de soutiens et d’opportunités. Faut-il se résigner et laisser le soin aux valides seuls de fabriquer le Septième Art ? Songeons que même les rôles de personnages handicapés sont le plus souvent confiés à des acteurs valides. On ne permet pas encore assez aux personnes handicapées de tenir la caméra ni d’être sous le feu des projecteurs, faute de dégager suffisamment de moyens pour enfin enclencher un cercle vertueux. Il faut donc un effort de la puissance publique et des professionnels pour faire du voeux d’inclusion une réalité. A cette fin, nous proposons une réforme du précieux statut des intermittents du spectacle afin de permettre une réelle insertion professionnelle (…) »

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Julien Richard-Thomson et la ministre Fadila Khattabi au festival international du Film de Cannes 2024
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Semaine du cinéma positif ; avec Keren Marciano et Damiano Fontana du SPCH et Baptiste Heynemann de la Commission Supérieure Technique

« Pour ce texte, j’ai été très touché de recevoir le soutien public de deux cinéastes que je considère comme les plus doués, qui ont signé de grands films inclusifs, Eric Toledano et Olivier Nakache, mais aussi de nombreuses comédiennes comme Isabelle Carré, Léa Drucker, Chantal Lauby ou Alexandra Lamy qui ont immédiatement répondu présentes, sans oublier Samuel le Bihan que j’ai retrouvé à Cannes. Et de nombreux autres cinéastes, producteurs, techniciens… » souligne Julien Richard-Thomson qui remercie Sam Bobino le directeur de la Semaine du cinéma positif et bien sûr les équipes du CNC. Plusieurs associations professionnelles comme l’AAFA (comédiens) ou la CST (Commission supérieure technique du cinéma) ont aussi répondu à l’appel, une mobilisation inédite selon la presse. Julien Richard-Thomson consacre une partie de son temps à la cause de l’inclusion, participant à des tables-rondes, débats et événements à travers la France, au grès des salons professionnels et festivals de cinéma aux côtés de la réalisatrice et productrice Keren Marciano, déléguée générale du syndicat. « Nous menons une action concrète depuis 2019, et le succès du film d’Artus nous apporte une aide inattendue alors nous redoublons d’initiatives« … Le cinéaste intervient également dans des écoles de cinéma pour sensibiliser les étudiants à une production plus inclusive et diversifiée.

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Par ailleurs, le cinéaste a également plaidé, dans l’entre deux-tours des élections législatives, pour un barrage face à l’extrême-droite au nom des valeurs de l’inclusion et de la diversité culturelle. (lire la tribune ci-dessous publiée le 5 juillet 2024 dans Usbek&Rica)

Tribune de Julien Richard-Thomson sur les élections législatives  (publiée le 5 juillet 2024)

L’extrême-droite, une menace pour la culture et l’inclusion

Il y a quelques semaines, le film d’Artus Un p’tit truc en plus faisait sensation au festival de Cannes et 7 millions de Français s’enthousiasmaient pour ce film bienveillant, faisant la part belle aux actrices et acteurs handicapés, célébrant l’inclusion. Mais aujourd’hui la réalité politique nous plonge dans un cauchemar où les valeurs de tolérance et d’ouverture paraissent menacées comme jamais depuis presque un siècle.

449921352_18262384969246462_3322000613148999900_n-1Quand, avec une poignée de professionnel(l)es concerné(e)s, nous avons fondé le premier Syndicat des professionnels du cinéma en situation de handicap (SPCH), en 2019, nous sommes allés trouver les institutions comme le Centre National du Cinéma et les organismes professionnels pour leur parler de notre conception de la société inclusive. On nous a répondu que des efforts étaient déjà engagés pour développer l’accessibilité aux oeuvres, par exemple construire des rampes d’accès dans les salles de cinéma, financer l’audiodescription ou le sous-titrage… On nous a parlé aussi de la représentation du handicap à l’écran, on nous a cité de beaux films comme Intouchable ou La famille Bélier… mais personne ne semblait avoir vraiment identifié une question qui nous paraissait centrale à savoir la quasi-absence de personnes handicapées dans les métiers de la culture, spécialement du cinéma et de la télévision. Comment pouvions-nous accepter que les films ou les séries se fabriquent sans les personnes handicapées, sous-représentées dans les équipes de tournage aussi bien parmi les techniciens que les comédiens ? Nous avons été écoutés puis, de plus en plus entendus. Des dispositifs ont été mis en place pour favoriser l’insertion professionnelle, pour adapter les enseignements, pour financer les projets. Il reste beaucoup à faire mais des progrès notables sont à saluer. Lors du dernier festival de Cannes, marqué par le triomphe public du film Un p’tit truc en plus, nous avons mobilisé des personnalités du cinéma pour appeler à une réforme du régime des intermittents du spectacle, en faveur des artistes et techniciens handicapés (RQTH) pour les aider à intégrer ces carrières. Nous avons reçu de nombreux soutiens à commencer par celui de Fadila Khattabi, la ministre chargée des personnes handicapées ; nous avons commencé à travailler sur ces sujets, avec un certain enthousiasme, encouragés par l’attention des plus hautes autorités de l’Etat.Aujourd’hui, nos travaux sont à l’arrêt, et comme beaucoup de Français nous retenons notre souffle : la France va-t-elle basculer dans l’inconnu ? Un parti d’extrême-droite, dont on connait l’opposition à l’inclusion et le peu d’intérêt pour la culture, va -t-il accéder au pouvoir ? Ce tournant historique remettrait en cause les progrès enregistrés ces dernières années.L’extrême-droite a souvent dénoncé le régime des intermittents, jugé trop couteux, et critiqué la politique d’exception culturelle française qui a pourtant permis à notre industrie du cinéma de se développer et de contribuer non seulement au PIB (l’industrie culturelle française pèse bien plus que celle de l’automobile, par exemple), à l’emploi, mais aussi rayonnement de notre pays à l’international. Jugeant nécessaire de faire des économies et de réduire les financements à la culture, l’extrême-droite a aussi annoncé qu’elle vendrait le service public TV et radio à des groupes privés, cela sera forcément synonyme d’appauvrissement de la production et d’une certaine normalisation.C’est bien là l’une de nos craintes : partout où elle a exercé le pouvoir, l’extrême-droite a tenté de museler la création afin de transformer la culture en simple outil de divertissement ou pire, de propagande. Elle a normé et standardisé, censuré tout ce qui pouvait apparaitre comme marginal, avant-gardiste ou déviant. Elle a fait taire les voix dissonantes ou discordantes.Au SPCH, nous sommes au contraire des militants de la liberté de création, dans toute la diversité qui fait la richesse de notre société. Pour nous, artistes, techniciens ou comédiens en situation de handicap, le cinéma doit rester un pont entre les Humains, un dialogue autant qu’un espoir et un rêve. En militant pour un milieu culturel toujours plus inclusif, ouvert et divers, nous voulons augmenter le cinéma et non le rabougrir ou le contraindre. En tant que cinéaste engagé, je me fais le porte-parole de mes ami(e)s en situation de handicap visible ou invisible, en appelant à voter massivement pour des candidats démocrates et républicains, afin de barrer la route à l’extrême-droite qui menace les valeurs pour lesquelles nous nous battons depuis des années.

 

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