Julien Richard-Thomson sort le 10 octobre « Infox, le grand livre des fake news »… Il fait le point sur les projets à venir, livres et films.
Une nouvelle fois, ton actualité n’est pas un film mais un livre… Etrange pour un cinéaste, non ?
Probablement, c’est probablement parce que je ne suis pas uniquement cinéaste ! (rires) Surtout qu’il ne s’agit pas non plus d’un livre sur le cinéma, mais sur le phénomène des infox. Cela dit, j’ai souvent expliqué à quel point le sujet de la manipulation me passionnait, tout comme la politique et l’actualité d’ailleurs, et le sujet des fake news est au carrefour de tout ça. Avec les réseaux sociaux le phénomène des infox, qui a toujours existé, a pris un essor considérable. C’est devenu une vraie arme de destruction massive du sens et du débat. Ceux qui fabriquent et propagent les infox le font soit par appât du gain, soit par idéologie. C’est devenu à la fois une industrie et un puissant outil de déstabilisation de nos démocraties. Il y a une convergence d’intérêts assez glauques, c’est passionnant autant qu’effrayant. J’ai toujours été attiré par ce type de sujets, j’ai écrit plusieurs projets de films là-dessus mais ils ont toujours été rejetés par les producteurs. Même dans mon dernier film, Korruption, celui qui a fait scandale et qui n’a jamais pu être terminé, j’abordais le thème avec une grosse dose d’humour noir : on retrouvait une critique des médias qui parfois dérivent (même si je les défends par ailleurs, quand ils font correctement leur job) et la manipulation de l’info par des groupes extrémistes.
Revenons au livre, « Infox, le grand livre des fake news » : que contient-il ?
C’est une compilation d’infox classées par grands thèmes, avec des explications assez détaillées et des mises en perspective. De manière plus journalistique que littéraire, je décortique le phénomène, avec de l’humour car c’est un ouvrage grand public et assez ludique même si le sujet est grave. Ce livre est généraliste, mais je prévois d’en écrire plusieurs autres pour le compléter, sur plusieurs thématiques précises. J’aimerais aussi, tu t’en doutes, tourner un film sur le sujet des infox. J’ai un projet mais il manque bien entendu le financement, l’argent est le nerf de la guerre et les producteurs français sont toujours aussi frileux dès que l’on sort des comédies familiales ou des drames intimistes réalistes.
Tu avais aussi annoncé un recueil de nouvelles ?
Alors là, c’est pareil : je ne m’attaque pas à ce qui est le plus évident dans le monde de l’édition, car en France, peu d’éditeurs publient des nouvelles. Or moi, j’adore ça ! Et j’ai eu envie de transposer certaines de mes idées de films en longues nouvelles, que je pourrais presque faire passer pour de très courts romans avec un peu de mauvaise foi. Pour ce recueil, je suis encore en recherche d’un éditeur mais j’ai quand même des pistes donc il devrait être publié courant 2020. Dans un autre genre, j’éditerai cette année avec Jaguarundi Editions un ouvrage sur le cinéma de genre, mais nous en reparlerons prochainement.
A part les livres, des tournages en vue ?
Je dois tourner un long-métrage documentaire cet hiver, pour une chaîne de télévision, mais je n’ai pas encore le droit d’en parler même si le contrat est signé. C’est en rapport direct avec le cinéma, sous un angle original, jamais traité à ma connaissance. Par ailleurs j’ai un projet de film qui traitera, peu ou prou, du thème du handicap, là aussi sous un angle très personnel et assez fantastique. Je suis engagé sur la thématique de l’inclusion comme beaucoup le savent (ndlr : Julien a créé en mai 2019 le premier Syndicat des professionnels du cinéma en situation de handicap). Le souci c’est qu’un film coûte beaucoup plus cher qu’un livre, c’est donc encore plus complexe à mettre en chantier.