Interview de Julien Richard-Thomson
-Spécial films documentaires-
Outre tes projets de fictions, tu travailles aussi sur des documentaires. Faisons le point sur ces films…
En effet je m’intéresse aussi au film documentaire, je prépare deux projets actuellement. D’une part un film sur le Revenu universel, qui est un sujet qui me passionne. Je voudrais donner la parole à des experts mais aussi des citoyens d’horizons variés, qui pourraient m’expliquer de quelle manière ils orienteront ou ré-orienteront leur vie – privé et professionnelle – si un jour ce genre de dispositif était mis en oeuvre. C’est d’ailleurs de moins en moins utopique, de nombreux économistes et responsables politiques de tous bords y réfléchissent sérieusement. L’autre projet concerne les tout petits candidats indépendants aux élections présidentielles. A l’origine, le film devait être produit par une grande société de documentaire, je devais juste le réaliser, mais faute d’accord avec France Télévision ma société Jaguarundi Films a repris le projet à son compte.
Tu avais déjà réalisé un film sur une candidate loufoque…
Oui c’était Votez Cindy ! un film de 52 mn qui suivait les aventures de la présidente du Parti du Plaisir en campagne électorale. A l’occasion de ce tournage j’avais croisé de nombreux petits candidats, des micro-partis, c’est un peu la face cachée de notre démocratie. Je trouve ce sujet passionnant, ces élus locaux ou ces simples citoyens qui se lancent en politique. A l’heure des réseaux sociaux, de l’internet, un citoyen lambda a-t-il ses chances d’accéder à l’Elysée ? Et pour faire quoi ? Hélas les grandes chaînes de TV ont refusé le projet sous prétexte que ces candidats ne parviendront jamais à être élus et qu’ils sont trop marginaux. Mais ce ne sont pas les scores potentiels de ces candidats qui m’intéressent, moi je me penche sur leur démarche qui en dit long sur l’état actuel de notre système démocratique représentatif. J’attends les réponses de plusieurs petites chaînes, j’espère lancer le tournage à la rentrée…
La politique est un sujet qui te préoccupe ?
Tout le monde devrait s’y intéresser car quand on ne s’occupe pas de politique c’est la politique qui s’occupe de toi, selon la formule bien connue. J’ai surtout écrit des films de fictions qui abordent des questions politiques ou économiques, mais je n’ai pas pu les tourner hélas. A travers des récits fantastiques ou de SF j’avais abordé le thème des migrations, de la mondialisation, du libéralisme financier et cela avait un peu effrayé les producteurs ! (rires). Je note quand même une légère évolution, récemment Arte a programmé Trepalium une série d’anticipation, il y a quelques années ça aurait été impensable. Récemment j’ai écrit trois projets de séries qui abordent la politique dans des registres différents : la comédie pour Le Dircom, le thriller pour Le Dircab et la comédie dramatique d’anticipation pour La Septième République. Mais il est difficile d’obtenir des financements lorsqu’on aborde ces thématiques, j’en suis conscient. Je ne suis pas sûr d’obtenir les moyens pour les réaliser car ces thèmes ne sont pas jugés assez « fédérateurs » par les programmateurs.