Dans le monde du septième Art, Julien Richard-Thomson fait parler de lui comme militant de l’inclusion par ses initiatives syndicales, mais plusieurs projets artistiques sont en préparation…
Tu as publié plusieurs livres en 2023 mais aucun tournage important n’a eu lieu , où en sont tes projets cinéma et TV, deux ans après ton long-métrage documentaire Pas de bras, pas de cinéma? pour Canal Plus ?
Ce documentaire , diffusé plusieurs fois à la télévision, a été très apprécié et j’ai participé à de nombreuses soirées autour du film. Je n’ai rien tourné en 2023 , en début d’année j’ai entrepris un petit court-métrage axé sur les écrits de mon père écrivain, je l’ai filmé dans son environnement , au milieu de ses manuscrits et ses dessins mais ce court métrage aura certainement une diffusion confidentielle . En revanche j’ai relancé plusieurs projets ambitieux comme Paris Maléfique , ma série consacrée à la face cachée et fantastique de Paris, j’avais imaginé ce concept il y a dix ans déjà mais le projet effrayait les diffuseurs, aujourd’hui le fantastique est devenu plus à la mode et mieux apprécié. Je suis en train réunir des réalisatrices et réalisateurs de talent qui signeront chacun un épisode de cette anthologie qui peut se rattacher au courant actuel de l’ « elevated horror » . Le projet veille à être inclusif car je tiens à travailler avec des artistes et des techniciens en situation de handicap , de toutes origines. Avec mes partenaires nous sommes en négociation avec des diffuseurs , il semblerait que des plateformes soient intéressées, je suis plutôt optimiste mais rien n’est signé…
En effet tu milites activement pour la diversité et l’inclusion au cinéma et à la tv, tes récentes initiatives ont été très remarquées …
Mon combat commence à porter ses fruits , avec le Syndicat des professionnels du cinéma en situation de handicap (SPCH) que je préside depuis 2019, nous avançons de manière très concrète ! Je milite notamment pour une réforme du statut des intermittents du spectacle , afin de l’adapter aux cas des artistes handicapés. A l’occasion du festival de Cannes 2024, j’ai réuni une centaine de personnalités du cinéma autour d’un texte qui a fait du bruit dans les médias nationaux. J’interpelle à la fois les institutions, les politiques et les artistes. Je suis invité dans de nombreux festivals et salons afin de débattre et exposer ces sujets, ce qui occupe une part très importante de mon temps, mais je ne veux pas cesser de créer , d’écrire et de filmer…
Tu n’as pas d’autre projet de documentaire ?
Je dois produire et réaliser un film sur mon amie la cinéaste Aurelia Mengin, que j’ai intitulé L’Amazone à la caméra. Je connais Aurelia depuis longtemps, j’ai adoré son dernier Scarlet Blue qui commence un beau parcours en festivals. Je suis fasciné par son talent et son énergie , elle tourne ses films contre vents et marées, en métropole ou sur son île de La Réunion et je voudrais faire découvrir son œuvre , ses combats et sa façon si singulière et si sincère de faire du cinéma ! Par ailleurs, j’ai également en projet un autre film documentaire sur Comédie et handicap, comment rire « avec » (et non « du ») handicap ; certains ont trouvé la formule magique comme les frères Farrelly aux USA et chez nous, le duo Toledano / Nakache ou encore Artus dont le film cartonne en salles.
Tu annonces aussi un long-métrage de fiction, qui sera un tout petit budget tourné de manière indépendante : Les Ambassadeurs. Tu reviens à tes amours de jeunesse : l’autoproduction ?
Ca a été longtemps un véritable cas de conscience pour moi : dois-je tourner à nouveau un film sans budget, avec le bon vieux système D, comme je l’ai fait à mes débuts… avec les inconvénients et les limites que cela comporte. Cela faisait longtemps que je m’y refusais mais certains de mes scénarios me tiennent à coeur et aujourd’hui j’ai envie de porter à l’écran Les Ambassadeurs, même si je dois travailler sans budget, en adaptant le projet. C’est une comédie de science-fiction un peu absurde, qui raconte comment un ambassadeur à la retraite va devoir négocier avec des extraterrestres pour éviter à notre planète une destruction totale par rayon laser. Mais on sera loin de Star Wars ! (rires)
Enfin, un mot pour tes autres travaux notamment littéraires … des parutions au programme pour cette année ?
En effet; je signerai en fin d’année un ouvrage sur le handicap à l’écran , les films qui ont changé le regard sur la différence et le handicap , de Freaks a Intouchable en passant par Rain Man ou le Huitième Jour … Je suis aussi auteur d’un scénario de BD d’humour noir qui est en train d’être dessiné par le talentueux David de Thuin, qui travaille pour Fluide Glacial … Hâte que ce projet soit concrétisé car je suis fan de BD depuis toujours. Mais ma priorité pour ces prochains mois sera de tourner à nouveau, je n’oublie pas que mon premier métier, c’est cinéaste et que mon art préféré est toujours le 7eme !