Au retour de sa tournée de dédicaces en Nouvelle Aquitaine, Julien a répondu à mes questions sur son roman policier « Série noire sur la Venise verte »… Un livre bourré d’humour noir et de références à l’actualité.
Comment s’est passée cette tournée dans les librairies et les espaces culturels ?
J’ai été très bien accueilli à la fois par les professionnels, les libraires et les vendeurs des espaces culturels Leclerc, les journalistes mais aussi les lecteurs qui sont venus relativement nombreux aux dédicaces. J’ai plutôt été positivement surpris car je n’étais pas certain d’avoir du monde, au final je n’ai pas eu le temps de m’ennuyer et j’ai rencontré beaucoup de gens. J’ai recueilli des avis sur le livre et ça c’est très intéressant et encourageant. Comme je l’ai répété, je ne suis pas écrivain à l’origine (contrairement à mes parents) mais plutôt scénariste, donc les bonnes critiques me confortent et me donnent envie de continuer à écrire.
Pourquoi avoir situé ce premier roman policier dans le marais poitevin ?
J’ai choisi le site pittoresque de la « Venise Verte », dont le charmant village de Coulon est la petite capitale, car je suis natif de cet endroit, ma famille paternelle y réside, des oncles tantes et cousins en pagaille. Enfant, j’ai passé tous mes étés là-bas. Ado, j’étais vendeur dans la boutique d’artisanat d’un de mes oncles, à Coulon. Je vendais des poteries, des aquarelles, des fers forgés, des vêtements et mille autres articles, l’argent que je gagnais je l’investissais dans de la pellicule Super 8 pour tourner des films, ou alors dans des instruments de musique : synthétiseurs, boites à rythmes etc. Ensuite j’ai organisé un festival à Niort (Fantarock, concerts de rock et projections de films fantastiques), j’ai édité un journal, animé une émission de radio (Megamag)…Bref, je connais très bien cette région. Ca m’amusait de situer une histoire plutôt sordide dans ce petit coin de paradis…
Le livre est distribué par un diffuseur régional, Geste Editions…
En effet, le livre est présent dans les librairies et en grande distribution, uniquement dans l’ouest. C’est un distributeur régional qui s’en charge, il a misé sur la tendance des « polars régionaux » qui cartonnent actuellement. C’est un peu une mode. Cela dit, nos régions de France ont un patrimoine super riche, donc il est vrai qu’on peut imaginer une multitude d’histoires en province, on a enfin compris que Paris n’était pas la seule vile intéressante pour situer des intrigues ! J’ai d’ailleurs écrit une série qui se déroulait dans l’Ouest (Les nouveaux mystères de l’Ouest) et un film inspiré d’une légende locale (Le bras rouge) mais aucun n’a été financé. Je ferai peut-être paraitre tout ça sous forme de romans, qui sait… D’autres coins de France m’inspirent baucoup, par exemple la Provence (le Luberon où j’ai vécu) ou encore le Havre…
On a pu lire des avis sur le roman, soulignant qu’il s’agissait d’une critique cruelle des politiciens sans scrupules…
Je connais bien le monde politique et je suis d’ailleurs un citoyen et un cinéaste engagé, de multiples façons. j’ai aussi été élu local pendant une dizaine d’années. J’ai croisé des gens formidables dans le monde politique, il y a beaucoup d’intelligence dans ce monde contrairement à ce que les gens croient souvent. Certes, le pouvoir engendre la compétition et cela exacerbe certains travers humains… Dans ce livre, comme dans mes autres livres et mes scenarios, je manie l’humour noir avec une plume au vitriol, c’est ma façon très troisième degré de décrire le monde et ce qui me choque. Mais je suis tout sauf un populiste ! Je suis un progressiste, et un ardent militant de la démocratie. D’ailleurs dans ce roman noir, je présente en effet un député aux agissements très condamnables, mais tous mes personnages sont caricaturés : on y trouve des gilets jaunes haineux, un vieux complotiste cinglé, des écolos illuminés, un chef d’entreprise détestable, bref des habitants aussi peu reluisants que mon personnage principal. Personne n’est épargné, ni mon député meurtrier, ni ses électeurs, ni ses détracteurs… Tout le monde en prend pour son grade dans le livre, c’est bien sûr de l’humour mais noir. En cela, je dis souvent que je suis un auteur plutôt « de droite » car je présente une vision assez sinistre et désespérée de la société dans mes histoires, alors que je suis un citoyen plutôt « de gauche » qui croit dans les réformes et les projets collectifs. C’est un peu schizo tout ça… (rires) en fait quand j’écris, je me défoule ! Je laisse libre cours à mes mauvais penchants, mais c’est pour donner plus de piquant aux histoires. Un peu de méchanceté, ça donne du relief, on ne fait pas d’histoires très captivantes avec de trop bons sentiments (rires).
Y aura-t-il un film adapté de ce livre ?
Je n’en sais rien. C’est vrai qu’il y a quelques années, je me suis dit que j’allais transformer mes scenarios non tournés en romans ou en nouvelles, et j’ai commencé à publier. Mais cette histoire là, je l’ai écrite directement sous forme de roman (à vrai dire, une longue nouvelle, que j’ai finalement allongé pour obtenir un roman court). Quand j’écris, il est évident que j’imagine chaque scène et que je serais ravi de transformer cette histoire en film !
D’autres livres sont en cours d’écriture ?
Oui, déjà à la rentrée je sors un nouvel essai sur les fake news (Alerte Infodémie !). Je dois aussi publier un roman graphique début 2022, ainsi qu’un essai sur les médias, la liberté d’expression, le débat démocratique aux éditions Points d’Orgue. Actuellement je me consacre surtout à l’écriture des scenarios de ma série TV Paris Maléfique. On pourrait croire que j’alterne entre les sujets « sérieux » et le divertissement mais en réalité, on peut faire de nombreuses références aux problématiques contemporaines dans les histoires fantastiques. D’ailleurs le cinéma de genre est en train d’évoluer, mais on en reparlera…
(propos recueillis par Sarah)
Le roman est disponible en librairies et espaces culturels (région Nouvelle Aquitaine) et sur internet http://jaguarundi.fr/produit/livre-serie-noire-venise-verte/
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