Le point sur le tournage du documentaire long-métrage, pour la chaîne Ciné Plus, sur le thème du handicap au cinéma, par Julien Richard-Thomson…
Il y a quelques semaines tu as annoncé le tournage d’un film documentaire, a-t-il eu le temps de s’achever avant l’épidémie et le confinement ?
Hélas non, nous avons commencé le tournage et travaillé une semaine, puis il a fallu stopper. Le thème du documentaire est le handicap à travers le cinéma. Je traite donc des films qui traitent du sujet, mais je donne aussi la parole aux comédiens, aux cinéastes en situation de handicap. Le film présente aussi des personnes lourdement handicapées qui sont de vrais cinéphiles, le cinéma est très important pour elles. Je devais filmer une séance organisée par une association spécialisée, qui emmène des gens voir des films mais évidemment, la séance a été annulée en raison des risques liées à l’épidémie. J’espère pouvoir reprogrammer cette séquence.
Le film alterne donc des interviews et des séquences de reportage ?
Oui, ainsi que de nombreux extraits de films. Je veut montrer à quel point le thème du handicap est présent dans l’histoire du cinéma, mais avec un regard qui a évolué au fil des périodes : de Freaks à Intouchables, en passant par Rain Man ou Forrest Gump. C’est un sujet souvent jugé comme « bankable » par les producteurs. Je veux donner la parole aux spectateurs handicapés, se reconnaissent-ils dans la façon dont le handicap est présenté à l’écran ? Je donne aussi, bien sûr, la parole aux artistes handicapés – qui ont beaucoup de mal à mener leurs carrières, disons-le – ainsi qu’aux artistes « valides » qui ont joué des rôles de personnages handicapés. Comment représente-t-on l’altérité au cinéma ? Cela brasse de nombreuses questions passionnantes, y compris des polémiques…
« Pas de bras, pas de cinéma » le titre du film est assez terrible…
Ce n’est pas moi qui en suis à l’origine, mais le producteur Guillaume Lebeau. Cela renvoie à une fameuse blague qu’on pourrait qualifier de mauvais goût, « pas de bras pas de chocolat »… Je trouve que l’humour, même noir, est salutaire dans la vie, y compris pour parler handicap. Je suis moi-même en situation de handicap, président du SPCH (Syndicat des professionnels du cinéma en situation de handicap), ce titre me fait rire et a priori, c’est le titre définitif du documentaire. Nous rendons d’ailleurs hommage à Howard Russell, ce comédien hollywoodien qui avait perdu ses deux mains à la guerre et avait obtenu deux Oscar en 1947.
Le tournage va donc prendre du retard…
Le tournage reprendra dès que possible, on est tous dans l’attente. Normalement, le producteur (Otago Productions) doit livrer le film à Ciné Plus pour une diffusion dès juin. J’espère qu’il parviendra à obtenir un délai, ce qui me permettra de tourner toutes les séquences que je souhaitais. Nous devions aussi participer au festival de Cannes, qui va être décalé… Il reste encore plusieurs interviews à réaliser, des comédiens, des réalisateurs, et même une ministre. C’est à ma connaissance le premier documentaire sur ce thème, il y a tant à dire…
Ca tombe bien, nous y reviendrons bientôt !
(mars 2020)
Ci-dessous : le réalisateur avec la cinéaste Margaux Bonhomme (Marche ou crève!) et Emmanuelle Laborit (comédienne sourde) ; En haut : avec le comédien Philippe Sivy ; Sonia Derory, comédienne de petite taille, du SPCH.