La dernière fois nous avions abordé les projets de films documentaires, faisons le point aujourd’hui sur les films de fiction…
Un mot sur Korruption, le film par lequel le scandale est arrivé ? Le tournage sera-t-il un jour achevé ?
-Nous sommes encore noyés sous de nombreuses procédures judiciaires et malheureusement il y a peu de chance que le film soit un jour terminé. Pour le moment je n’ai même plus envie de tourner ce film, on peut dire que nos adversaires ont réussi leur coup : empêcher le tournage d’un film contre la corruption ! C’est une forme de censure déguisée assez inédite en France, et curieusement peu de professionnels se sont manifestés pour nous défendre.
Quels sont les autres projets ?
J’ai passé un an à travailler sur l’adaptation d’une série de Bd des éditions Dupuis, « Pierre Tombal », qui narre les aventures d’un fossoyeur régnant sur un cimetière un peu particulier où les morts sont très dissipés. Une belle occasion de tourner une comédie fantastique grand public, les auteurs et l’éditeur étaient fans du projet. J’ai écrit une histoire originale en m’inspirant des personnages de la série, avec mon frère Blaise comme coscénariste. Mais ce projet nécessite un budget assez élevé et pour le moment je ne peux pas le concrétiser. Comme d’habitude dès qu’on aborde le fantastique, les financeurs du cinéma français sont… épouvantés, c’est le cas de le dire !
A quoi te consacres-tu aujourd’hui ?
J’écris une nouvelle adaptation, non plus d’une BD mais d’un programme télévisé « culte » des années 90 signé Edouard Baer et Ariel Wizman. Le film abordera le sujet du complotisme, mais sous la forme d’une comédie délirante. On y retrouvera mon humour absurde qui se conjugue assez bien avec l’univers de l’oeuvre d’origine. Là encore, il s’agira d’une histoire tout à fait originale, à partir d’un concept et de personnages existant. Le thème du conspirationnisme m’a toujours intéressé, j’ai d’ailleurs souvent écrit des histoires sur des personnages paranoïaques et des manipulations. Korruption abordait aussi cette thématique, entre autres… Pour l’instant j’en suis au stade de l’écriture, donc là encore rien n’est acquis, mais il s’agira d’un budget assez modeste. Je vais tenter de ne pas dépasser un million d’euros, afin de rester réaliste et mettre toutes les chances de mon côté.
Ce sera donc ton prochain film si tout va bien ?
Oui, mais j’attends tout de même des réponses pour deux autres films, un court-métrage surréaliste intitulé Monkeyz Xperienz, et surtout un « court long-métrage » d’une heure, Poissons Violents. C’est une comédie policière qui rappelle à la fois X Files et les BD de Gotlib… Voici le pitch : Deux policiers sont envoyés dans le marais poitevin pour enquêter sur une mystérieuse affaire: des pêcheurs à la ligne ont été retrouvés morts, grillés dans leur barque pour les uns, congelés sur la rivière pour les autres. Les policiers auront du mal à démêler les indices, les villageois se montrant presque tous suspects, sans parler d’une secte d’adorateurs du poisson qui sévit dans les environs. Mais ces faits divers pourraient aussi cacher un scandale d’Etat…
On reste dans l’humour délirant, donc…
Oui, c’est un polar traité de manière décalée, très BD, avec un cadre qu’on voit peu au cinéma : le marais poitevin. Je connais très bien cette région, l’insolite lui convient parfaitement. Mes personnages sont très surprenants, avec notamment un genre de Dominique de Villepin dans le rôle du capitaine de police, un gars qui aurait rêvé être ministre mais qui est devenu flic par erreur… il passe son temps à discourir sur valeurs de la République pendant que sa jeune collègue amasse les indices. Ce sont les personnages qui me donnent envie d’écrire une histoire.
Dans la dernière interview tu nous parlais de tes projets de documentaires…
Hélas les télévisions ont refusé mon film sur les tout petits candidats à l’élection présidentielle, au motif qu’aucun d ‘eux ne pourrait être élu. C’est une réponse bornée et idiote car justement je m’intéressais aux parcours de ces simples citoyens qui décident un jour de se lancer en politique malgré le fait qu’ils n’ont aucune chance, précisément. Je sais aussi que mon CV de réalisateur de comédies et de films fantastiques joue contre moi car les chaînes de télévision se méfient. Elles avaient aussi refusé mon film sur le djihadisme dont j’avais commencé le tournage avec des intervenants tels que le juge Trevidic, l’ethnologue Dounia Bouzar ou le procureur Molins. Je pense que les TV n’ont pas confiance en des réalisateurs qui viennent de l’univers de la fiction, même si je rappelle que j’ai aussi été journaliste plusieurs années. Là encore, on colle des étiquettes aux gens, en France plus qu’ailleurs, et c’est regrettable